Friedrich Schlegel

Karl Wilhelm Friedrich von Schlegel est un philosophe, critique et écrivain allemand.



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Friedrich Schlegel
Portrait de Friedrich Schlegel vers 1829, par J
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Portrait de Friedrich Schlegel vers 1829, par J. Axmann

Nom de naissance Karl Wilhelm Friedrich von Schlegel
Activité (s) Écrivain, critique et philosophe
Naissance 10 mars 1772
Hanovre, Allemagne
Décès 12 janvier 1829
Dresde, Allemagne
Langue d'écriture Allemand
Mouvement (s) Romantisme
Genre (s) Romans, Études
Œuvres principales
  • (de) Versuch über den Begriff des Republikanismus (1796)
  • (de) Fragmente („Athenæums“-Fragmente) (1797-1798)
  • (de) Lucinde (1799)
  • (de) Gespräch über die Pœsie (1800)
  • (de) Reise nach Frankreich (1803)


Karl Wilhelm Friedrich von Schlegel (né le 10 mars 1772 à Hanovre - mort le 12 janvier 1829 à Dresde) est un philosophe, critique et écrivain allemand.

Issu d'une famille protestante, Friedrich Schlegel va s'entourer au fil des années d'un cercle d'amis parmi lesquels Novalis, Ludwig Tieck ou encore Friedrich Schleiermacher avec lequel il fondera un groupe nommé "Cercle d'Iéna", fondement de la théorie romantique en Allemagne.

Après des études de commerce qui ne l'intéressent pas, Schlegel se lance dans des études de droit mais il passe le plus clair de son temps à étudier les textes d'auteurs tels que Platon, Shakespeare ou Dante. Progressivement mûrit en lui un véritable goût pour la littérature. Il forge sa théorie de la poésie romantique qui va révolutionner les idées de son temps. Le Cercle d'Iéna, qui existera peu de temps, va marquer l'histoire littéraire.

Après la fin du mouvement, Schlegel entreprend une série de voyages en France et en Allemagne puis se fixe à Vienne où il entre au service du chancelier Metternich.

Pendant sa période viennoise, Schlegel développe ses théories politique, philosophique et religieuse. Il participe à la vie politique allemande et donne des cours qui lui assurent un certain succès.

Les dernières années de sa vie sont marquées par un mysticisme religieux prononcé qui ternit son image auprès de ses amis et auprès de son frère avec qui il rompt tout contact. Cependant, sa disparition en 1829 à l'âge de cinquante-sept ans est regrettée par la plupart de personnes. Après sa mort et pendant une longue période, l'œuvre de Schlegel sera dénigrée avant d'être réhabilitée par des chercheurs tels que Josef Körner.

Enfance et famille

Friedrich Schlegel naît le 10 mars 1772 à Hanovre. Il est le fils du pasteur luthérien Johann Adolf Schlegel et de Johanna Christiane Erdmuthe Hübsch, fille d'un professeur de mathématiques.

L'héritage culturel de la famille est important : son oncle Johann Elias Schlegel est poète, tout comme son autre oncle Johann Heinrich Schlegel. Oskar Walzel dira d'ailleurs de Johann Elias Schlegel qu'il était le «le critique le plus doué que l'Allemagne du XVIIIe siècle d'avant Lessing ait vu»[1].

La famille avait été anoblie en 1651 par l'empereur Ferdinand III et on avait ajouté Von Gottleben au patronyme[2].

Schlegel est le plus jeune des sept enfants de la famille. L'aîné de la famille, Karl August Moritz né en 1756 choisira la même carrière que son père, tout comme Johann Karl Fürchtegott né en 1758. Karl August né en 1761 partira en Inde où il fera des mesures géographiques. August Wilhelm, né le 8 septembre 1767 à Hanovre, jouera un grand rôle dans la vie de son frère et de leurs deux sœurs Henriette et Charlotte. C'est avec la seconde que Friedrich Schlegel aura le plus de contact[3].

La relation entre le père et le fils n'est pas chaleureuse au contraire de celle que Schlegel entretient avec sa mère qui le surnomme Fritz[4]. Johann Adolf Schlegel voudrait que son fils Friedrich s'engage dans le commerce[5]. Schlegel débute par conséquent des études de commerce à Leipzig où il fait un stage à partir de 1788 chez le banquier Schlemm[6]. Mais les études de commerce ne lui plaisent pas, il les interrompt et s'inscrit à l'université de Iéna pour y étudier le droit. C'est à cette époque que Caroline Rehberg, le premier amour de Schlegel, dessine de lui un de ses premiers portraits. La relation entre Schlegel et son frère August Wilhelm devient de plus en plus forte – August Wilhelm se chargeant de son éducation.

Jeunesse

Friedrich Schlegel vers 1790 par Caroline Rehberg

Schlegel doit rattraper son retard s'il veut intégrer une université et fait preuve de grandes capacités surtout en culture grecque classique[7]. Il dévore les œuvres de Platon en langue originale.

En 1790, il part à Göttingen avec son frère pour étudier le droit. Son frère lui fait découvrir les œuvres de Herder, de Winckelmann ou de Kant.

L'année suivante, alors que son frère part comme précepteur à Amsterdam, Schlegel part poursuivre ses études de droit à Leipzig c'est là qu'il se lie d'amitié avec Novalis à partir de février 1792[8]. Les études de droit lui plaisent de moins en moins. Il s'adonne le plus clair de son temps à la lecture d'auteurs comme Herder, Dante, Shakespeare, Voltaire ou Wieland[9]. Lors d'un voyage à Dresde, le jeune Schlegel – il a vingt ans – rencontre l'immense figure qu'est Schiller. En mai 1793, Schlegel commence à travailler à une théorie de la poésie. En août, il fait la connaissance de Caroline Böhmer, fille de l'orientaliste Johann David Michælis et future femme de son frère August Wilhelm. Il deviendra le confident de Caroline et écrira d'elle : «Ma confiance en elle est particulièrement absolue... Devant elle j'ai honte de mes défauts»[10]. C'est à travers elle qu'il aura connaissance de l'œuvre et des idées du révolutionnaire Georg Forster à propos duquel il écrira Über Georg Forster en 1797. Pour lui, Forster est le modèle de l'écrivain classique, éducateur du peuple et représentant de la Deutschheit (littéralement le «caractère allemand»)  : «Chaque écrivain classique est un bienfaiteur de sa nation, et a des justes droits à un monument public»[11]. De plus, Forster incarne pour Schlegel des valeurs morales.

Schlegel entre dans une période de doute. Sa rencontre avec Schiller lui a laissé un goût amer. Il se sent incompris et rédigé une lettre à son frère le 21 novembre 1792 : «On me trouve intéressant et on fuit de mon chemin. À l'endroit où j'arrive, la bonne humeur fuit et ma proximité oppresse. On préfère me voir de loin comme une rareté dangereuse. J'inspire sans doute de la répugnance amère à certains. Et l'esprit ? – Pour la majorité, je suis cependant un original, un fou avec un esprit»[12]. Il met alors ses études en sommeil et avec Novalis, il part en quête d'aventures amoureuses. Ils séduisent les filles du banquier Haugk[13], aventures qui restent sans lendemain. En janvier 1794, il décide de partir chez sa sœur Charlotte à Dresde et publie sa première œuvre Von den Schulen der griechischen Pœsie (Des écoles de la poésie grecque).

La même année, il publie deux autres rédigés ayant pour thème l'antiquité grecque : Vom ästhetischen Werte der griechischen Komödie (De la valeur esthétique de la comédie grecque) et Über die weiblichen Charaktere in den griechischen Dichtern (Des caractères féminins chez les poètes grecs). Il a pour projet de faire des recherches sur la poésie grecque. Ce que Winckelmann avait fait pour l'art grec, Schlegel veut le faire pour la poésie[14]. Pour lui, la culture grecque est le reflet d'une «humanité accomplie»[15]. La poésie grecque est le résultat du beau, la poésie moderne est le résultat de l'intéressant. Schlegel ne se contente pas de travailler sur la poésie grecque, il confronte la poésie des Anciens et des Modernes en une étude critique. Dante et Shakespeare sont pour lui ceux qui ont mené la poésie moderne à des sommets[16].

Le Cercle d'Iéna

Amitiés littéraires

Le 1er juillet 1796, August Wilhelm épouse Caroline Böhmer et part s'installer à Iéna avec elle pour participer aux revues de Schiller[17] après que ce dernier l'y a invité en décembre 1795. Schlegel le suit le 7 août. L'amitié avec Novalis perdure[18], Schlegel lui rend visite à Weißenfels où il travaille comme directeur de la mine de sel.

Schlegel noue une autre amitié avec Johann Gottlieb Fichte. Schlegel s'intéresse énormément aux théories de l'idéalisme allemand et surtout à celles de Fichte tout d'abord puis de Schelling. Pour Fichte, la philosophie est la doctrine de la science et est la base de tout savoir. Il décrit aussi que le moi (la force créatrice) forge le non-moi (l'environnement) grâce à l'imagination créatrice. Schlegel va essayer de dépasser cette théorie en la rendant plus flexible car Fichte voit tout à travers le spectre de la philosophie[19]. Pour Schlegel, la philosophie n'est pas à dissocier des autres domaines. Tout comme l'énonce Schleiermacher : savoir et foi, science et art, philosophie et religion ne forment qu'un. C'est ce que Schlegel appellera l'Universalpœsie. Vers 1797, Schlegel se tournera vers Schelling pour qui la nature et le moi, par conséquent l'art, ne forment qu'un.

Cette époque marque chez Schlegel l'expression d'un intérêt grandissant pour la littérature, la philosophie et la politique. C'est en 1796 qu'il publie son célèbre essai Versuch über den Begriff des Republikanismus (Essai sur le concept de républicanisme) dans la revue de Johann Friedrich Reichardt Deutschland à laquelle il contribue aussi par des recensions des Heures et de L'Almanach des Muses de Schiller. L'essai sur le républicanisme est l'une des bases de ce qu'on appellera le romantisme politique, mouvement qui perdurera après la fin du Cercle d'Iéna. En reprenant point par point ce que Kant avait énoncé dans Vers la paix perpétuelle, Schlegel développe le concept d'une république universelle composée de républiques réunies de manière fédérale[20], concept reposant sur la volonté générale. Dans le même temps, la recension que fait Schlegel du poème de Schiller Würde der Frauen mène à la rupture entre l'auteur et les frères Schlegel. Schiller attaque alors directement Schlegel en se moquant de ses travaux sur la poésie grecque[21].

C'est dans une autre revue de Reichardt, Lyceum der schönen Künste, que Schlegel publie d'autres études philosophiques comme Der neue Orpheus ou Über Condorcet. Schlegel publie aussi une étude critique sur le philosophe Lessing Über Lessing ainsi qu'une autre sur le roman Woldemar de Friedrich Heinrich Jacobi et sur Georg Forster. La critique sur Lessing est importante car Schlegel voit non seulement en lui «le véritable auteur de la nation et de l'époque»[22] mais il retrouve aussi en Lessing les fondements de sa propre pensée concernant la critique ou le motif du fragment. De plus, Schlegel le considère presque comme un «connaisseur d'art accompli de la poésie»[23]. Les études critiques que fait Schlegel se basent sur l'individualité tandis que ses prédécesseurs se basaient une théorie esthétique[24]. Enfin, Schlegel publie une série de 127 fragments critiques où il fait part de ses réflexions littéraires et philosophiques. C'est à cette époque que Schlegel rencontre Gœthe, rencontre qui aura un retentissement personnel chez Schlegel qui voit en lui le renouveau de la poésie. En 1798, il publiera Über Gœthes Meister sur le roman Wilhelm Meister.

Le 15 juillet 1797, Schlegel part pour Berlin où il se lie d'amitié avec Friedrich Schleiermacher chez qui il emménage dès le 31 décembre 1797[25]. Schleiermacher, prédicateur à l'Hôpital de la Charité, va exercer une influence sur la théorie de la morale chez Schlegel. Désormais la pensée créatrice de Schlegel s'articule autour de quatre grands thèmes : la poésie, la philosophie, la morale et la religion[26]. En octobre 1797, Schlegel rencontre le poète Ludwig Tieck[27] dont August Wilhelm avait fait des recensions d'œuvres parues anonymement. Cette rencontre a son importance car c'est Schleiermacher qui introduit Schlegel dans le salon de Henriette Herz où il fait la connaissance de Dorothea Veit à l'été 1797[28]. Née Brendel Mendelssohn, Dorothea n'est autre que la fille du philosophe Moses Mendelssohn. Schlegel et elle tombent follement amoureux et cette dernière, qui avait épousé le banquier Simon Veit, divorcera en 1799 après avoir coupé les ponts avec sa famille l'année précédente.

Fondation du romantisme

A l'été 1798, les frères Schlegel, Caroline, Novalis, Fichte et Schelling se retrouvent à Dresde[29]. Un groupe se forme. Schlegel fait paraître son roman Lucinde à l'automne 1799 – la forme romanesque est pour lui celle qui est la plus à même de révéler la poésie romantique – et le scandale lié à sa liaison avec Dorothea Veit s'accroît. Schlegel dépeint en effet l'héroïne de son roman sous les traits de Dorothea. C'est ce roman dont l'un des thèmes principaux est la philosophie de l'amour qui sera l'une des bases de la réflexion romantique. En septembre 1799, Schlegel, sa femme, son frère, sa belle sœur mais également Novalis, Ludwig Tieck, Friedrich Schleiermacher et Schelling se retrouvent ensemble à Iéna. Le Cercle d'Iéna que Heinrich Heine appellera l'École Romantique est fondé. Ernst Behler donne une répartition des membres du groupe : Friedrich Schlegel est le théoricien et le philosophe, son frère August Wilhelm est le philologue et le critique, Schleiermacher est le moraliste et le théologien, Tieck est le conteur populaire et Novalis est le mystique ésotérique[30].

Les frères Schlegel avaient décidé à l'automne 1797 de fonder leur propre revue, fatigués de ne pas pouvoir écrire librement dans leurs revues respectives[31]. Le premier fascicule de l'Athenäum paraît en mai 1798. Cette revue devient l'organe du mouvement. C'est en effet dans ses pages que paraîtront les 451 fragments[32] contenant les fondements de la théorie du Premier romantisme allemand. Le fragment devient la forme par excellence du mouvement : «Pareil à une petite œuvre d'art, le fragment doit être complètement détaché du monde environnant, et clos sur lui même comme un hérisson»[33]. Expression spontanée, le fragment sert à par sa forme inachevée une réflexion illimitée. Il est à différencier de l'aphorisme qui se suffit à lui-même. Les fragments se comprennent dans leur ensemble. Les fragments ne sont pas signés, la réflexion est commune. Apparaît ce que Schlegel nomme la «Symphilosophie», c'est-à-dire une philosophie à laquelle on réfléchit en commun. Tous à l'exception de Tieck et Dorothea contribuent aux fragments[34]. La poésie romantique est définie ainsi dans l'un des fragments principaux, le fragment 116 :

«La poésie romantique est une poésie universelle progressive. Elle n'est pas uniquement conçue pour réunir l'ensemble des genres scindés de la poésie ainsi qu'à faire se toucher poésie, philosophie et rhétorique. Elle veut et doit aussi tantôt mêler et tantôt fondre ensemble poésie et prose, génialité et critique, poésie d'art et poésie naturelle, rendre la poésie vivante et sociale, la société et la vie poétiques, poétiser le Witz, remplir et saturer les formes de l'art qui en contient à son tour plusieurs autres, jusqu'au soupir, au baiser que l'enfant poète exhale dans un chant sans art[35]

Friedrich Schlegel avait reconnu la Révolution française comme la possibilité de réunir des domaines jusqu'alors divisés comme les arts et les sciences et par conséquent d'engager une révolution esthétique. Quand Napoléon Bonaparte fait son coup d'État le 9 novembre 1799, on assiste à un changement d'attitude envers la Révolution parmi les romantiques. Au fil du temps, les fragments de l'Athenäum prennent un tour de plus en plus mystique[36]. Le mouvement s'essouffle. August Wilhelm se sépare de sa femme Caroline qui rejoint Schelling avec qui elle se mariera. Le divorce entre August Wilhelm et Caroline est prononcé le 17 mai 1803[37]. Schlegel s'éloigne de Schleiermacher. Le dernier cahier de l'Athenäum paraît en août 1800. Schlegel obtient son titre de docteur à Iéna en 1800. Le 27 octobre 1800, il s'installe comme professeur privé et enseigne la philosophie transcendantale[38]. Novalis meurt le 25 mars 1801. Sa mort signe la fin du Cercle d'Iéna qui aura certes duré peu de temps mais qui aura marqué durablement l'histoire littéraire[39]. Clemens Brentano, l'un des futurs représentants de la seconde période du romantisme écrira : «Quiconque était à Iéna ne peut parler de cette période de sa vie sans reconnaissance et souvenir heureux»[40]. Brentano s'était rapproché des romantiques de Iéna. Il entrera en conflit avec Schlegel quand ce dernier aura une aventure avec Sophie Mereau dont Brentano était follement épris.

Le romantisme politique occupe Schlegel. Un retour en arrière permettrait de retrouver l'harmonie disparue à cause de la Révolution. Le Saint-Empire, le Moyen-Âge et la religion catholique apparaissent comme les refuges les plus sûrs. On assiste à un retour du sentiment religieux : «Le souhait révolutionnaire de réaliser l'empire de Dieu est le point élastique de l'éducation progressive et le début de l'histoire moderne, ce qui n'a aucun rapport avec l'empire de Dieu n'est que chose secondaire»[41]. Sa conception de l'État n'est plus celle de l'Essai sur le républicanisme. On assiste à une dissociation entre la conception d'une nation constituée par contrat comme c'est le cas pour la France et d'une conception d'un état organique : «Toute société humaine dont l'objectif est la communauté de l'humanité [... ] se nomme État»[42]. Devant le peu de succès de sa vie professionnelle, Schlegel décide de quitter l'Allemagne.

Fin du Cercle d'Iéna

Voyage à Paris

Après un court séjour à Dresde chez son ami Tieck[43] où il arrive le 17 janvier 1802, Schlegel part avec Dorothea – qui avait assuré les dépenses durant cette époque – à Paris pour étudier les collections artistiques qu'il décrira longuement dans sa revue Europa. Ils s'arrêtent à Leipzig en mai 1802 où il fait la connaissance du futur éditeur de sa revue. Ils arrivent ensuite à Weimar où Gœthe fait jouer sa pièce Alarcos le 29 mai 1802[44]. La pièce, une tragédie, ne produit pas l'effet escompté et la salle se tord de rire. Gœthe doit rappeler les gens au silence, August von Kotzebue qui n'est pas en bons termes avec Gœthe continue à applaudir comme un «possédé»[45].

Schlegel reprend la route. Une fois à Paris en juin 1802, il étudie le perse et le sanskrit[46] dont il montre la parenté avec le latin et le grec ancien. Il considère tandis qu'il existe deux sortes de langues, les langues organiques et les langues mécaniques. Les langues organiques sont le fruit de la nature. Elle se définissent par la flexion, l'union vivante dans le mot du contenu et de la fonction grammaticale. Les langues qui ne sont pas indo-germaniques sont le produit de l'ingéniosité des locuteurs, qui expriment les fonctions grammaticales par des procédés arbitraires, découverts. Elles sont par conséquent artificielles, dépourvues de formalité propre, et se diminuent à l'accumulation de mots et de formes spécifiques, sans esprit d'ensemble, sans systématicité. Wilhelm von Humboldt rejettera en partie ces conceptions, en montrant que l'ensemble des langues sont l'expression spontanée de l'esprit, que chacune traduit à sa façon l'esprit universel, et qu'il n'y a pas de langues sans formalité propre.

Schlegel fonde la revue Europa dont le premier cahier paraît en février 1803. Il y fait paraître les premières pages de son Voyage en France. La capitale française lui fait grande impression : «Paris, comme centre, est le lieu parfait où former les réflexions les plus générales, et la ville en tire une partie de son intérêt»[47]. Schlegel développe une idée européenne, l'idée d'une Europe de la poésie et de la philosophie[48]. L'ensemble des jours, il donne des cours sur la littérature contemporaine allemande et sur la philosophie à l'Athénée des arts. Schlegel s'intéresse à des œuvres telles que celles de Calderón avec pour projet une œuvre sur la littérature européenne. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Sulpiz et Melchior Boisserée. Le couple finit en effet par s'installer au 19 de la rue de Clichy où ils tiennent une pension. Les frères Boisserée en sont des pensionnaires tout comme Helmina von Chézy. La maison de Schlegel est un lieu de rencontre intellectuelle[49]. Le 6 avril 1804, Schlegel épouse Dorothea dans la chapelle de l'ambassade suédoise à Paris.

Voyage à Cologne

Château de Coppet où les frères Schlegel résident

Encore une fois, Schlegel se rend compte que sa vie professionnelle ne fonctionne pas comme il l'aurait voulu. Il devient plus critique envers la France[49]. Avec les frère Boisserée, Schlegel et sa femme partent pour l'Allemagne en avril 1804 en passant par le nord de la France et la Belgique pour arriver à Cologne où il doit donner des cours à l'université. Lors de son voyage, Schlegel se passionne pour les cathédrales françaises et allemandes et rédigé Briefe auf einer Reise durch die Niederlande, Rheingegenden, die Schweiz und einen Teil von Frankreich dans lequel il s'enflamme pour l'art gothique et éveille un nouvel intérêt du public pour cet art[50]. À Cologne, Schlegel continue à se passionner pour l'art.

D'octobre à novembre 1804, Schlegel séjourne chez Madame de Staël à Coppet où son frère August Wilhelm se trouve déjà[51]. En 1805, il donne des cours d'histoire universelle, de propédeutique et de logique à Cologne. Le dernier cahier de la revue Europa paraît la même année. En novembre 1806, Schlegel retourne chez Madame de Staël en Normandie jusqu'en avril 1807. En 1807, il donne un cours intitulé Über deutsche Sprache und Literatur dans lequel il aborde des thèmes linguistiques et développe sa théorie sur la philosophie de la langue. L'année suivante, il publie les résultats de ses études sur la langue indienne : Über Sprache und Weisheit der Indier. Schlegel mène une vie particulièrement instable sur le plan financier. Les cours qu'il donne ne lui permettent pas de vivre. Son frère August Wilhelm l'aide en essayant de lui trouver un emploi. Schlegel et sa femme se convertissent au catholicisme en 1808. En avril de la même année, les frères Schlegel et Madame de Staël partent pour Vienne. Dorothea reste à Cologne.

Schlegel à Vienne

Friedrich Schlegel en 1811 selon un dessin de Philipp Veit, le fils de Dorothea

À son arrivée à Vienne, il fait la connaissance de la plupart de personnalités comme l'historien Josef von Hormayr dont il devient l'ami. En novembre 1808, Dorothea vient le rejoindre. Schlegel parvient à rencontrer le Prince de Metternich. Sa position commence à s'affirmer, il sent lui-même qu'il parvient à mieux travailler[52]. Le 29 mars 1809, il entre au service de l'Autriche avec «le rang et l'appointement d'un secrétaire de la cour»[52]. Quand la guerre éclate entre la France et l'Autriche, Schlegel est appelé secrétaire auprès de l'État-Major de l'archiduc Charles. C'est là qu'il publie du 24 juin au 15 décembre 1809 le journal Österreichische Zeitung qui deviendra le journal de l'Autriche quand Napoléon aura la Wiener Zeitung entre ses mains[52]. Le travail journalistique de Schlegel ne s'arrête pas là. Quand le journal du régime de Metternich, l'Österreichischer Beobachter, est fondé le 1er mars 1810, Schlegel en devient le directeur. En suivant l'armée, Schlegel arrive en Hongrie puis revient à Vienne en 1810.

Du 19 février au 9 mai 1810, Schlegel donne des cours[53] sur le thème de l'histoire contemporaine (Über die neuere Geschichte) – cours qui sera publié l'année suivante. Il fait la connaissance de Franz von Baader la même année. Du 27 février au 30 avril 1812, Schlegel continue ses cours à Vienne sur le thème de la littérature ancienne et moderne, à peu près 200 personnes y prennent part[54]. Joseph von Eichendorff, ami de Schlegel, décrit le premier cours ainsi : «Le premier cours de Schlegel (Histoire de la littérature, 12 florins l'entrée) dans la salle de danse de l'empereur romain. Schlegel, tout de noir vêtu sur une élévation lisant derrière une petite table. Chauffage avec du bois odorant. Grand public. Devant un cercle de dames, la princesse Liechtenstein avec ses princesses, Lichnowsky, etc. 29 princes. En bas grande foule d'équipages, comme à un bal. Particulièrement brillant»[55].

En 1813, il est chargé par Metternich de travailler à un projet de constitution pour la Confédération germanique[56], on y trouve l'esquisse d'une structure fédérale mais également le projet de rétablissement du rôle de l'Église catholique et l'idée d'un droit civil des Juifs[57] – sa femme Dorothea était juive avant sa conversion. Schlegel va développer ses convictions politiques lors de cette période viennoise. Quand le Congrès de Vienne s'ouvre, Schlegel y participe grâce à l'intervention de son frère auprès de Friedrich von Gentz et Metternich en rédigeant des mémoires et des articles de journaux où il défend le point de vue autrichien. Schlegel côtoie le Baron vom Stein, le grand réformateur prussien. Parallèlement, son œuvre Geschichte der alten und der neuen Literatur (Histoire de la littérature ancienne et moderne), résultat de ses cours, paraît[58]. Il la dédie à Metternich. Le pape Pie VII le fait chevalier de l'Ordre du Christ en 1815 pour son implication en faveur de l'Église. C'est aussi en 1815 que Schlegel et son frère August Wilhelm font renouveler leur titre de noblesse. Particulièrement satisfait du travail de Schlegel lors du Congrès de Vienne, Metternich l'appelle conseiller de légation la même année[59]. À partir de cette date jusqu'en 1818, il est conseiller de légation au Bundestag à Francfort.

Fin de vie

Tombe de Friedrich Schlegel à Dresde

Schlegel arrive à Francfort le 27 novembre 1815. Il travaille pour Metternich. Les articles qu'il rédigé représentent «un chapitre important de l'histoire de la constitution au Bundestag»[60]. Schlegel devient de plus en plus conservateur. Friedrich von Gentz dit à propos de lui à Johann von Wessenberg : «Ce que vous me dites de Schlegel ne m'étonne pas le moins du monde. Il n'a jamais rien valu pour les affaires pratiques ; et depuis quelques années la rage religieuse, ou mieux la rage ecclésiastique l'a rendu totalement fou, ce en quoi sa femme a pris une grande part»[61]. À l'automne 1818, Metternich renvoie Schlegel à Vienne après que les fonctionnaires se sont plaint de lui.

Schlegel montre les premiers signes de maladie vers 1819. De février à août 1819, il entreprend un voyage en Italie comme expert en art. Il est accompagné de Metternich et de l'empereur François Ier d'Autriche. De retour à Vienne, il publie le premier cahier de sa nouvelle revue intitulée Concordia qui paraîtra de l'été 1820 à août 1823. Cette revue sera l'organe du romantisme politique[62] dont les représentants hormis Schlegel sont Adam Müller, Franz von Baader ou Joseph Görres. Quand le dernier numéro de Concordia paraît, Schlegel se met à travailler à une édition complète de ses œuvres, qu'il retouche en partie, et procède à une révision de certains événements touchant à sa propre vie[63]. La collection de ses œuvres paraît en 1825.

Schlegel vit les dernières années de sa vie dans un mysticisme religieux, se livrant aussi à des pratiques de télépathie[64]. Quand August Wilhelm lit dans un article sur les poètes protestants convertis au catholicisme qu'il est lui-même qualifié de «à moitié catholique», il prend ouvertement position contre son frère[65] après avoir été indigné par l'orientation catholique de sa revue Concordia. Les frères ne se parleront plus jusqu'à la mort de Friedrich. Par conséquent Schlegel travaille à sa philosophie. Du 25 mars au 31 mai 1827, il donne des cours à Vienne sur la philosophie de la vie. Puis il en donne d'autres à Dresde en 1828 sur la philosophie de la langue et des mots. Schlegel est seul à Dresde, Dorothea étant restée à Berlin. Il voyage en compagnie de sa nièce Auguste von Buttlar. Le 11 janvier 1829, Friedrich Schlegel est victime d'une attaque cardiaque, il meurt dans la nuit. La nouvelle de sa mort est retentissante. Metternich se charge en personne du transport de ses manuscrits. Adam Müller fait une crise nerveuse dont il meurt six jours plus tard[66]. Schlegel repose dans le vieux cimetière catholique de Dresde.

Recherche sur Schlegel

Friedrich Schlegel est une figure inévitable du romantisme qu'il a contribué à instituer. Cependant, d'autres aspects de son œuvre ont été mis en avant et surtout ses dimensions philosophique, théologique et historique[67]. Vers la fin de sa vie, Schlegel a profondément marqué la philosophie chrétienne. Tieck est le premier à se proposer de rassembler les rédigés de son ami et de les publier mais Dorothea en confie la mission au philosophe Karl Joseph Hieronymus Windischmann. Les conférences tenues par Schlegel à Cologne paraissent en 1836 sous le titre Friedrich Schlegel's Philosophische Vorlesungen aus den Jahren 1804-1806. Nebst Fragmenten vorzüglich philosophisch-theologischen Inhalts. En 1846, une nouvelle édition de ses œuvres complètes paraît, la première édition ayant été épuisée.

Wilhelm Dilthey commence à étudier les rédigés de Schlegel en 1861 afin d'écrire une histoire de l'école romantique mais il finit par se consacrer à Schleiermacher en publiant la biographie Leben Schleiermachers en 1870. L'intérêt pour l'œuvre de Schlegel reprend vers 1870. Oskar Walzel publie les lettres entre le philosophe et son frère August Wilhelm en 1890. Cependant, Schlegel continue à être dénigré[68]. La mauvaise image véhiculée sur lui après sa mort perdure, on lui reproche d'avoir été immoral, paresseux et insolent. Ernst Robert Curtius dira de lui : «Nous devons réparer énormément de choses envers Friedrich Schlegel car aucun auteur majeur de notre apogée n'a été aussi incompris et même calomnié mal intentionnellement, déjà de son vivant mais même de manière étrange longtemps après, oui, en fait jusqu'au présent immédiat»[69].

Josef Körner est l'un de ceux qui va contribuer à réhabiliter l'image du philosophe au XXe siècle. Certains rédigés avaient été perdus, ils sont retrouvés après la Deuxième Guerre mondiale. La recherche sur Schlegel reprend et de nombreux intellectuels reconnaissent son apport et se basent sur ses théories comme Georg Lukács[70].

Œuvres

Traductions françaises

Annexes

Liens externes

Bibliographie

Sur le romantisme de Iéna

Sur Schlegel

Sa vie

Son œuvre

Notes et références

  1. (de) «begabtesten Kritiker, den das vorlessingische Deutschland des 18. Jahrhunderts gesehen hat. » Cité dans : Benno von Wiese, Deutsche Dichter der Romantik ihr Leben und Werk, Reinbek bei Hamburg, Berlin, 1971, p. 140.
  2. (de) Ernst Behler, Friedrich Schlegel, Reinbek bei Hamburg, 1966, p. 7.
  3. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 13.
  4. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 15.
  5. (en) Penny cyclopædia of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge, 1841, p. 31.
  6. (fr) Jean Chrétien Ferdinand Hœfer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, 1864, p. 535.
  7. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 21.
  8. (fr) Roger Ayrault, La genèse du romantisme allemand, Paris, 1969, p. 12.
  9. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 23.
  10. (fr) Cité dans : Roger Ayrault, op. cit. , p. 15.
  11. (de) «Jeder klassische Schriftsteller ist ein Wohltäter seiner Nation, und hat gerechte Ansprüche auf ein öffentliches Ehrendenkmal. » Dans : Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, Stuttgart, 2005, p. 22.
  12. (de) «Man findet mich interessant und geht mir aus dem Wege. Wo ich hinkomme, flieht die gute Laune, und meine Nähe drückt. Am liebsten besieht man mich aus der Ferne, wie ine gefährliche Rarität. Gewiß manchen flöße ich bittern Widerwillen ein. Und der Geist ? - Den meisten heiße ich doch ein Sonderling, das ist ein Narr mit Geist. » Cité dans Ricarda Huch, Die Romantik Blütezeit, Ausbreitung und Verfall, Zürich, 1951 p. 21.
  13. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 26.
  14. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 29.
  15. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 33.
  16. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 40.
  17. (fr) Roger Ayrault, op. cit. , p. 11.
  18. (fr) Ernst Behler, Le premier romantisme allemand, Perspectives germaniques, Paris, 1996, p. 1.
  19. (fr) Ernst Behler, op. cit. , p. 42.
  20. (de) Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, Stuttgart, 2005, p. 17.
  21. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 47.
  22. (de) «der eigentliche Autor der Nation und des Zeitalters» Dans : Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, p. 46.
  23. (de) «beinahe vollkommener Kunstkenner der Pœsie»Dans : Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, p. 50.
  24. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 54.
  25. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 57.
  26. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 59.
  27. (fr) Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen Anthologie en langue française, Bruxelles, 2000, p. 623.
  28. (fr) Roger Ayrault, op. cit. , p. 32.
  29. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 78.
  30. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 71.
  31. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 69.
  32. (fr) Philippe Boyer, Le romantisme allemand, Paris, 1985, p. 119.
  33. (fr) Cité dans : Christian Godin, La totalité, Champ Vallon, 2003, p. 123. Version originale : «Ein Fragment muß zugleich einem kleinen Kunstwerke von der umgebenden Welt ganz abgesondert und in sich selbst vollendet sein wie ein Igel.» Dans : Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, Stuttgart, 2005, p. 99.
  34. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 72.
  35. (fr) Cité dans Christian Godin, La totalité, Champ Vallon, 2003, p. 286. Version originale : «Die romantische Pœsie ist eine progressive Universalpœsie. Ihre Bestimmung ist nicht bloß, alle getrennten Gattungen der Pœsie wieder zu vereinigen und die Pœsie mit der Philosophie und Rhetorik in Berührung zu setzen. Sie will und soll auch Pœsie und Prosa, Genialität und Kritik, Kunstpœsie und Naturpœsie bald mischen, bald verschmelzen, die Pœsie lebendig und gesellig und das Leben und die Gesellschaft pœtisch machen, den Witz pœtisieren und die Formen der Kunst mit gediegnem Bildungsstoff jeder Art anfüllen und sättigen und durch die Schwingungen des Humors beseelen. Sie umfaßt alles, was nur pœtisch ist, vom größten wieder mehrere Systeme in sich enthaltenden Systeme der Kunst bis zu dem Seufzer, dem Kuß, den das dichtende Kind aushaucht in kunstlosem Gesang. » Dans : Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, Stuttgart, 2005, p. 90.
  36. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 77.
  37. (fr) Roger Ayrault, op. cit. , p. 92.
  38. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 84.
  39. (fr) Laurent van Eynde, Introduction au romantisme d'Iéna, Bruxelles, 1997, p. 62.
  40. (de) «Keiner, der in Jena war, nennt diesen Abschnitt seines Lebens ohne Dankbarkeit und angenehme Erinnerung. » Cité dans : Clemens Brentano, Clemens Brentano's gesammelte Schriften, Frankfurt am Main, 1855, p. 83.
  41. (de) «Der revolutionäre Wunsch, das Reich Gottes zu realisieren, ist der elastische Punkt der progressiven Bildung und der Anfang der modernen Geschichte, was in dieser Hinsicht gar keine Beziehung aufs Reich Gottes hat, ist in ihr nur Nebensache. » Dans : Friedrich Schlegel, "Athenäums"-Fragmente und andere Schriften, Stuttgart, 2005, p. 102.
  42. (de) «Eine jede menschliche Gesellschaft, deren Zweck Gemeinschaft der Menschheit ist, heißt Staat. » Cité dans : Werner Weiland, Der junge Friedrich Schlegel oder, die Revolution in der Frühromantik, 1968, p. 38.
  43. (fr) Friedrich Schlegel, Voyage en France, Traduction, présentation et notes de Philippe Marty, Montpellier, 2002, p. 46.
  44. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 86.
  45. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 87.
  46. (fr) Friedrich Schlegel, Voyage en France, Traduction, présentation et notes de Philippe Marty, Montpellier, 2002, p. 47.
  47. (fr) Friedrich Schlegel, Voyage en France, Traduction, présentation et notes de Philippe Marty, Montpellier, 2002, p. 33.
  48. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 88.
  49. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 95.
  50. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 96.
  51. (fr) Geneviève Espagne, Aubin-Louis Millin, Bénédicte Savoy, Karl August Böttiger, Aubin-Louis Millin et l'Allemagne, Hildesheim, Zürich, Nex York, 2005, p. 41.
  52. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 110.
  53. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 113.
  54. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 120.
  55. (de) «Die erste Vorlesung Schlegels (Geschichte der Literatur, 12 Gulden Einlösscheine das Billet) im Tanzsaale des römischen Kaisers. Schlegel, ganz schwarz in Schuhen auf einer Erhöhung hinter einem Tischchen lesend. Mit wohlriechendem Holz geheizt. Großes Publikum. Vorn Kreis von Damen, Fürstin Liechtenstein mit ihren Prinzessinnen, Lichnowsky, etc. 29 Fürsten. Unten großes Gedränge von Equipagen, wie auf einem Ball. Sehr brilliant.» Cité dans : Ernst Behler, op. cit. , p. 120.
  56. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 121.
  57. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 124.
  58. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 118.
  59. (de) Klaus Peter, Friedrich Schlegel, Stuttgart, 1978, p. 66.
  60. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 129.
  61. (de) «Was Sie mir von Schlegel sagen, wundert mich gar nicht. Zu praktischen Geschäften war er nie tauglich; und seit einigen Jahren hat ihn die religiöse, oder besser kirchliche Wut vollends zum Narren gemacht, woran seine Frau großen Anteil hat. » Cité dans Gerhart Söhn, Frauen der Aufklärung und Romantik Von der Karschin bis zur Droste, Düsseldorf, 1998, p. 195.
  62. (de) Wiener Gœthe-Verein, Jahrbuch des Wiener Gœthe-vereins, Vienne, 1886, p. 78.
  63. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 135.
  64. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 137.
  65. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 139.
  66. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 149.
  67. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 150.
  68. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 157.
  69. (de) «Wir haben an Friedrich Schlegel viel gutzumachen, denn kein großer Autor unserer Blütezeit ist so mißverstanden, ja so böswillig verleumdet worden, schon zu seinen Lebzeiten, aber merkwürdigerweise auch noch lange darüber hinaus, ja, eigentlich bis auf die unmittelbare Gegenwart. » Cité dans : Ernst Robert Curtius, Kritische Essays zur europäischen Literatur, Berne, 1984, p. 78.
  70. (de) Ernst Behler, op. cit. , p. 159.

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