Friedrich Hölderlin

Friedrich Hölderlin est un poète et penseur de la haute période classico - romantique en Allemagne – époque que la tradition culturelle occidentale fait toujours rayonner autour de la figure emblématique de Gœthe.



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Écrivain allemand - Poète allemand - Écrivain romantique - Romantisme - Poète romantique - Naissance en 1770 - Naissance en Bade-Wurtemberg - Décès en 1843

Friedrich Hölderlin
Friedrich hoelderlin.jpg
Activité (s) Écrivain, poète, essayiste
Naissance 20 mars 1770
Lauffen am Neckar, en Souabe
Décès 7 juin 1843
Langue d'écriture allemande
Genre (s) Poésie, Essai
Œuvres principales
  • Hypérion
  • La mort d'Empédocle
  • Hymnes
  • Remarques sur Sophocle

Friedrich Hölderlin ['fʁi :dʁɪç'hœldɐlɪn] (1770-1843) est un poète et penseur de la haute période classico-romantique en Allemagne – époque que la tradition culturelle occidentale fait toujours rayonner autour de la figure emblématique de Gœthe[1]. Cet acmé de la littérature allemande, créatrice plus tardive de son premier grand «classicisme» en Europe[2] précédé d'un «pré-classicisme» (Lessing, …), comprend la totalité du courant qui va du Sturm und Drang aux deux grands classiques allemands Gœthe et Schiller pour génèrer les «Modernes» du romantisme allemand (Tieck, Novalis…). L'énorme élaboration philosophique allemande de l'époque, sécularisatrice de la religion par le protestantisme culturel, est partie prenante de cette époque : le grand nom, c'est Emmanuel Kant, que Hölderlin appellera le «Moïse de la nation allemande». Par le «titan» Fichte (selon Hölderlin, son discutant à Iéna en 1794-1795) qui trouve la «révolution copernicienne» de Kant «inachevée», on aboutit à l'idéalisme allemand («trèfle» Hölderlin – HegelSchelling, étudiants en théologie ensemble au Stift, le Grand Séminaire protestant de Tübingen), auquel Hölderlin oppose néanmoins une objection principale : l'être ne peut se confondre avec l'identité[3]. Hölderlin excède cette époque. Il l'excède de loin, en-deçà et au-delà, pour commencer de nous arriver plus véritablement au XXe siècle : parce qu'il l'excède en profondeur, par sa traduction de la Grèce en Hespérie (le retournement catégorique occidental).

Hölderlin est reconnu comme le plus grand poète lyrique de langue allemande. La Grèce de Hölderlin est une traduction (cf. Remarques sur les traductions de Sophocle) dans l'acception que pourra avoir ce mot dans une théorie de la traduction psychique comme celle qu'implique la théorie de la séduction généralisée post-freudienne du psychanalyste Jean Laplanche, lui-même influencé par Hölderlin. Dans la langue de Hölderlin, il s'agit de la création du mythe poétique lui-même, soit de l'art poétique hölderlinien. Cette théorie complexe et particulièrement élaborée du mythe chez Hölderlin n'est bien entendu pas à confondre, de manière anachronique et réductrice, avec une conception rationaliste française ethnocentrée du mythe selon le structuralisme lévi-straussien localisé au vingtième siècle, qui fut repris par Lacan pour interpréter le mythe psychanalytique de l'Œdipe freudien au moment de sa définition «linguistique» de «l'inconscient structuré comme un langage» : théorie franco-lacanienne de la «forclusion du Nom-du-père», qu'on appliquerait, sur le mode rétroactif de l'après-coup lacanien, et du raisonnement par l'absurde - la non-admission d'un Œdipe «mytho-symbolique»[4]déterminé comme étant celui normal de la «névrose», ad hominem du «cas clinique» d'un Hölderlin déjà «pré-jugé» fou par «les médecins». Selon la thèse philosophique de Bruno Liebrucks (1979), le mythe hölderlinien est un mythe «logiquement envisageable»[5]. L'extraordinaire envergure du mythe hölderlinien tient aussi au fait qu'il comporte une analyse visionnaire de l'histoire de notre culture sur des millénaires, basculant, autour du pivot littéraire critique des Anciens et des Modernes, sur la pierre de touche de son mythe tragique qui le fait virer du grec à l'hespérique. Dans la Grèce de Hölderlin, le Christ représente en effet le dernier "dieu" de l'Antiquité, dieu néanmoins charnière, car spécifique, ineffaçable de l'histoire de l'humanité et de son destin dans la civilisation occidentale (Poèmes : Patmos, L'Unique). Le roman Hypérion (1797-99) demeure au cœur de l'œuvre, le centre "excentrique" du mythe (au sens hölderlinien du terme) de l'autre Grèce de Hölderlin. Cette "autre Grèce" est aussi celle du retour hölderlinien au "natal" (ou "patriotique")  : on y retrouve une étrange Grèce souabe profondément, c'est-à-dire poétiquement "habitée" de ses propres "dieux", la Nature du mythe hölderlinien.

Biographie

La formation

Né le 20 mars 1770 à Lauffen am Neckar, en Souabe (Schwaben), Hölderlin perd à l'âge de deux ans son père, administrateur de biens conventuels, qui meurt à 36 ans. En 1774, sa mère, Johanna Christina Hölderlin, alors âgée de 26 ans, se remarie avec le conseiller Gock, bourgmestre de Nürtingen, qui décédera en 1779. Cette situation de l'enfant Hölderlin exposé à la mort accidentelle de son «second père» répétant celle de son «vrai père» a suscité après coup au vingtième siècle l'intérêt de la psychanalyse [6]. En réalité, l'enfance de Hölderlin, qui, à la suite des veuvages de sa mère, baigne dans un milieu familial principalement maternel et féminin, plonge dans une succession de vies et de morts : la majorité de ses petites sœurs, ainsi qu'un anonymus meurent en bas âge, ce qui est monnaie courante à la fin du XVIIIe siècle. Seuls restent en vie sa deuxième sœur et chère «Rike», Heinrike Hölderlin, née en 1772, et un demi-frère, Karl Gock, né en 1776.
Poussé par sa mère qui souhaiterait le voir devenir pasteur comme son propre père, Hölderlin entre en 1784 au petit séminaire de Denkendorf, où il apprend le grec, le latin et l'hébreu. Il va lire Klopstock, et la poésie parfaitiste de Schiller. Vers l'âge de quatorze ans, il rédigé ses premiers poèmes (comme Mon propos) et de cette époque datent aussi les premières lettres retenues [7]. Hölderlin trouve l'aide d'un père spirituel, comme il l'écrira dans une lettre à Nathanaël Köstlin, en la personne du diacre de Nürtingen : «Je vous prie particulièrement humblement, particulièrement cher Monsieur le Diacre, d'être mon guide, mon père, mon ami»[8]. Deux ans plus tard, Hölderlin poursuit ses études au séminaire de Maulbronn, où il se lie avec son condisciple Immanuel Nast, qu'il nomme son Cher frère dans les lettres qu'il lui adresse, et connaît son premier amour avec Louise Nast, la cousine de ce dernier.

De 1788 à 1793, il est étudiant en théologie au Grand Séminaire protestant ou Stift de Tübingen, en même temps que Hegel et le précoce Schelling (lequel Schelling est d'ailleurs un lointain cousin de Hölderlin par la branche maternelle)  : ces trois brillants esprits vont former le «trèfle» de l'idéalisme allemand. La Révolution Française remplit d'enthousiasme[9] les jeunes Stiftler qui vont planter un arbre de la liberté sur les rives du Neckar. Dès ses années du Stift, Hölderlin rencontre aussi celui que certains considéreront comme son Méphisto, Isaac von Sinclair.

Le temps d'Hypérion et d'Empédocle

En 1793 il est présenté à Friedrich Schiller, avec lequel il entame une correspondance suivie et qui publie certains de ses poèmes. La même année il travaille comme précepteur à Waltershausen chez l'amie de Schiller, Charlotte von Kalb, où il connaît quelques déboires dans son travail d'éducateur à cause de la masturbation de son élève Fritz. Un tournant décisif dans sa vie est l'obtention d'un autre poste de précepteur dans une maison appartenant à un riche banquier de Francfort, Jakob Gontard. Hölderlin rencontre en Susette Gontard, qu'il nomme Diotima dans ses poèmes et dans son roman Hypérion, le grand amour de sa vie. Le bonheur de cette relation ne dure pas : le mari la découvre, et elle est incompatible avec l'époque. Pourtant, ils continuent à correspondre ainsi qu'à se rencontrer secrètement. Ils se voient pour la dernière fois en 1800. Les lettres de Suzette adressées au poète renseignent assez exactement sur ce qu'a pu être cet amour.

Les plus grands poètes lyriques, comme Hölderlin ou Keats, sont des hommes en qui le pouvoir mythique de vision se brise toujours vers son intensité extrême et son pouvoir d'objection... (Ernst Cassirer dans Language and Myth, 1946)

Hölderlin quitte Francfort en septembre 1798. Survient alors une période d'intense créativité, avec les grandes élégies et le second volume de Hyperion. Il rédigé aussi des textes philosophiques et une tragédie, "Der Tod des Empedokles" (La mort d'Empédocle), restée inachevée en dépit de trois versions différentes dérivant du plan originel, dit de Francfort.

Le temps des grands poèmes

Parmi les grands poèmes de Hölderlin, on peut citer : Brod und Wein, élégie rapprochant Jésus et Dionysos; Der Archipelagus, où on voit à l'œuvre le «retour» à la Grèce antique que Hölderlin fait effectuer poétiquement à l'Allemagne de sont temps, particulièrement localisée cependant dans sa Souabe natale; Heidelberg et Der Rhein, des odes sur la ville et le fleuve, et le patriotique Germanien. Dans la conclusion de son hymne Patmos, le poète dit qu'il appartient à la «poésie allemande» de «respecter la lettre immuable» et d'«interpréter avec soin tout ce qui demeure» (traduction de Geneviève Bianquis).
Peu avant son départ pour la France, Hölderlin déclare : «Maintenant je peux rejoindre une nouvelle vérité, une meilleure vision en grande partie sur nous-mêmes et de ce qui nous entoure, en pensant que j'ai peur de ces choses qui peuvent peut-être s'associer à moi comme pour l'ancien Tantale, qui a reçu des dieux plus qu'il ne pouvait en digérer. » Après avoir tenu un bref emploi de précepteur à Bordeaux[10], Hölderlin retourne en 1802 en Allemagne. Ce voyage du «retour», effectué certainement à pied, à travers la France post-révolutionnaire, renferme sa part de mystère et d'inconnu. L'histoire littéraire tend en l'ensemble des cas à dater l'éclosion de la «folie» du poète du «retour de Bordeaux». Hölderlin a appris la mort de Susette Gontard[11] et revient à Nürtingen. Son état de santé se dégrade de plus en plus. Il sera interné de force dans la clinique du docteur Autenrieth à Tübingen en 1806.
Les grands Hymnes de Hölderlin sont rédigés entre 1800 et 1803, et des fragments extraordinaires de la grande poésie hymnique sont rédigés jusqu'en 1806 à peu près (la datation devient complexe à ce moment-là). À partir de 1800, Hölderlin traduit : Pindare et Sophocle. Les Remarques sur Œdipe et Antigone sont des textes d'une densité inouïe et d'une importance énorme sur la tragédie et la traduction occidentale du mythe tragique dans le monde moderne.

Les trente-six dernières années de la vie d'Hölderlin se déroulent dans l'ombre de la folie, chez le menuisier Ernst Zimmer à Tübingen. Il meurt le 7 juin 1843. Hölderlin rédige toujours (de 1807 à 1843) des poèmes portant essentiellement sur le cycle naturel des saisons, en les affectant de dates fantaisistes (1748, 1936). C'est uniquement à la fin de sa vie, à partir de 1841, qu'il signera du pseudonyme Scardanelli [12].
C. T. Schwab édite après la mort du poète la première édition de son œuvre (1846).
Le début du vingtième siècle commence à reconnaître cet immense poète du «temps de Gœthe» (de la Gœthezeit).
La réception après coup de Hölderlin au vingtième siècle passe en partie, surtout à une certaine époque chez les intellectuels français, par Heidegger, profondément influençé par le poète (Cf. Approche de Hölderlin, traduit des Erläuterungen... ) qui lui sert de «pré-texte» à penser. L'interprétation heideggerienne de la poésie de Hölderlin a été critiquée par Adorno et l'Ecole de Francfort.

Un poème de Hölderlin

L'acclamation des hommes (1799)

Menschenbeifall L'acclamation des hommes
Ist nicht heilig mein Herz, schöneren Lebens voll,

Seit ich liebe? Warum achtetet ihr mich mehr,
Da ich stolzer und wilder,
Wortereicher und leerer war?

Ach! der Menge gefällt, was auf den Marktplatz taugt,
Und es ehret der Knecht nur den Gewaltsamen;
An das Göttliche glauben
Die allein, die es selber sind.

Mon cœur n'est-il pas saint, plein d'une vie plus belle,
Depuis que j'aime ? Pourquoi me respectiez-vous davantage,
Tandis que j'étais plus fier et plus grossier,
Plus loquace et plus vide ?

Ah, plaît à la foule ce qui vaut sur le marché;
Et le valet n'honore que le violent.
Au divin croient,
Ceux-là seuls qui eux-mêmes le sont .

Œuvres

Éditions allemandes des œuvres complètes

Traductions françaises

Répercussions

La place d'Hölderlin dans le contexte allemand de son temps

Hölderlin n'est pas directement affilié aux deux principaux mouvements littéraires de son époque, le classicisme de Weimar ou le romantisme, mais sa pensée reflète des éléments communs à ces deux grands courants. Dans son utilisation classique des vers, de la forme et de la syntaxe, Hölderlin peut en premier lieu être reconnu comme le successeur de Friedrich Klopstock (1724-1803), qui tente de développer pour la langue allemande une perfection classique, la plaçant à l'égalité du grec et du latin. Hölderlin partage l'amour des classiques pour la edle Einfalt und stille Grösse (la noble simplicité et la magnificence du calme), formulé par Johann Winckelmann (1717-1768), en y ajoutant son sens mythique de la nature au travers le syncrétisme réalisé d'éléments traduits du Panthéon grec et du christianisme. Comme William Blake et W. B. Yeats, il explore la cosmologie et l'histoire pour trouver un sens en ce monde incertain. Hölderlin joue aussi un rôle important dans le développement de la philosophie post-kantienne, et participe à la formation de l'idéalisme allemand.


Le «retour» hölderlinien en France (I)  : Hölderlin et la Révolution française

C'est l'objet de la thèse «révolutionnaire» en 1936 du germaniste français Pierre Bertaux dont le Hölderlin est plus jacobin que fou.

Hölderlin et Heidegger

La poésie de Hölderlin fascine aussi le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976) qui a rédigé : "La Poésie est l'établissement de l'Étant par les moyens du monde". Les essais d'Heidegger sur Hölderlin (1936) sont traduits dans Existence et Étant par W. Brock (1949). Nietzsche se montra vivement intéressé par Hölderlin[13], mais cela fut sans prolongement, jusqu'aux décadences du monde selon guerre en Allemagne, jusqu'à ce que le poète reçoive une plus grande attention, en partie due à l'enthousiasme de Norbert von Hellingrath. Dans ses lectures des années 1930, Heidegger considère Hölderlin, comme poète, comme le réveilleur national des consciences, un prophète du futur latent d'une nation. "Les poètes se sont élevés pour la majorité au commencement ou à la fin d'une ère", dit lui-même une fois Hölderlin. Il est beaucoup célébré durant le Troisième Reich, et ses œuvres regroupées sont publiées en quatre volumes. Ironiquement, le héros dans Hypérion quitte sa maison et sa patrie, parce que la loi du despotisme s'y applique...

Le «retour» hölderlinien en France (II)  : Hölderlin et la «révolution psychanalytique»

Hölderlin débute d'être reçu en psychanalyse par Jean Laplanche (Hölderlin et la question du père, Paris, PUF, 1961), dont il inspire en partie l'œuvre et la pensée (théorie de la séduction généralisée et de la traduction), mais aussi les principes qui président à la traduction entreprise en France des Œuvres Complètes de Freud / Psychanalyse — OCF. P aux P. U. F. sous la direction scientifique de Jean Laplanche.

Hölderlin et la question du père "symbolique" de Lacan par Jean Laplanche sous-entend et inaugure une autre particulièrement grosse question, à la fois hölderlinienne et psychanalytique [comparé à la définition de la psychanalyse comme science dans (ou : de ) la culture]. La thèse de médecine soutenue par Jean Laplanche, dans la période toujours "paralacanienne" de ce dernier, sous-entend en effet le début d'une discussion avec l'herméneutique en psychanalyse, qui passe par la réception heideggerienne de Hölderlin en France à cette époque (cf. Maurice Blanchot), laquelle se trouve passer en psychanalyse par Lacan. Ce dernier n'emprunte-t-il pas en effet à Heidegger quelque chose de son ontologie pour en "parfumer" d'un zeste son "inconscient structuré comme un langage", réfuté ensuite par J. Laplanche? Or, particulièrement tôt, Heidegger se fonde sur Hölderlin pour "penser"... Ce qui ne veut pas dire que ce Hölderlin heideggerien est le "vrai" Hölderlin (cf. déjà la contestation de l'Ecole de Francfort vis à vis du "jargon ontologisant" de Heidegger)...

La Grèce de Hölderlin reste le témoin inévitable d'une "falsification" du message hölderlinien par le «mythe romantique» (au sens dégradé du terme), où on tenterait toujours d'enfermer le «poète fou» dans sa tour de carte postale à Tübingen. Cette référence principale à une autre Grèce, l'étranger ou «feu du ciel» selon Hölderlin, dont la force poétique risque de faire pâlir les mystérieuses "mères" dans le miroir du second Faust de Gœthe, rend irrecevable le classement de Hölderlin parmi les Romantiques, puisque ces derniers se définissent exactement par leur renoncement à la référence grecque[14] pour se replier sur le monde intérieur de «l'âme» ou du «cœur» : le Gemüt, siège «des sentiments», qui vont générer les ressources de laPhantasie romantique, liée, depuis Fichte et après Kant, à l'«imagination» des philosophes (Einbildungskraft et Einbildung). Mais cette puissance de «l'affect» romantique n'est plus vraiment d'inspiration rousseauiste comme au temps du Sturm und Drang, particulièrement ouvert aux influences extérieures (étrangères : anglaises, françaises…). Une répercussion importante de la Phantasie romantique réside entre autres dans la compromission problématique de la traduction de la Phantasie en psychanalyse avec l'héritage philosophique des Lumières et son envers du Romantisme. Le concept psychanalytique de Phantasie en effet n'est pas sans rappeler l'héritage romantique qui demeure en partie dans la pensée de l'homme des Lumières Freud. Ce dernier trouve le «fantasme» après la renonciation à ses neurotica (théorie de la séduction factuelle chez les hystériques) et invente du coup la psychanalyse. Par conséquent, l'objection capitale de Hölderlin à l'idéalisme allemand, à l'élaboration duquel il a néanmoins beaucoup contribué, fait de ce particulièrement grand auteur un précurseur de l'interrogation psychanalytique sur l'inconscient, à l'insu de Freud certes, mais non plus vraiment, après coup de sa réception au vingtième siècle en France, à l'insu d'un psychanalyste de la «troisième génération» comme Jean Laplanche[15], dont le premier livre (1961) est sur Hölderlin. L'objection catégorique de l'auteur Hölderlin en son temps à l'idéalisme allemand couvre par conséquent à la mise en question de la thèse lacanienne de la «forclusion du Nom-du-père» qui est appliquée à son «cas clinique», étant donné que le dispositif lacanien, dans ses années 1950 du «père symbolique», s'inspire de la dynamique phénoménologique de l'Esprit (Geist) hégélien pour "capitonner" la "Métaphore du Nom-du-père" en "œdipe" lacanien, fabricatrice d'un "Sujet" de "l'inconscient"[16].

Musique

Les poèmes de Hölderlin ont inspiré de nombreux compositeurs, à commencer par Brahms avec son Hyperions Schicksalslied. Parmi ces compositeurs, on peut noter Peter Cornelius, Hans Pfitzner, Richard Strauss (Drei Hymnen von Friedrich Hölderlin opus 71), Max Reger (An die Hoffnung), Richard Wetz (Hyperion), Josef Matthias Hauer, Stefan Wolpe, Paul Hindemith, Benjamin Britten, Hans Werner Henze, György Kurtág, György Ligeti, Hanns Eisler, Viktor Ullmann (qui composa sa musique dans le camp de concentration de Terezin), Wolfgang Rihm, Luigi Nono, mais aussi Georg Friedrich Haas (avec Hyperion).

Théâtre & Cinéma

Au théâtre Friedrich Hölderlin, sa vie et son œuvre, ont fait l'objet d'un culte, surtout par le metteur en scène allemand Klaus Michæl Grüber, qui s'est attaché à traduire une esthétique théâtrale, conçue comme une alternance poétique autonome au texte et au parcours du poète souabe, tout en étant la traduction et le miroir. En réalisant Winterreise dans l'Stade olympique de Berlin, où eurent lieu les jeux olympique d'été de 1936 sous le régime nazi, Grüber mène, à travers la langue d'Hölderlin, une réflexion sur la destruction, l'errance, le crime, mais également la volonté de rédemption. Le comédien Michæl König se trouve au centre de cette mise en scène historique. Il signera ensuite d'autres spectacles, tels qu'Hypérion présenté au Festival d'automne à Paris (1991), avec le grand comédien de langue allemande Bruno Ganz, qui aura quelques années plus tôt incarné Empédocle, là aussi à l'Olympia Stadion de Berlin, en 1976, dans une production du Théâtre de la Schaubühne.

En 1997, la réalisatrice allemande Nina Grosse   (de) réalise un film, assez romancé, Feuerreiter (Le Chevalier du feu) traitant de la vie et de l'œuvre de Friedrich Hölderlin (interprété par Martin Feifel), surtout sous l'optique de sa relation avec Suzette Gontard (interprétée par Marianne Denicourt) et son ami Isaac von Sinclair (interprété par Ulrich Matthes). Le comédien Ulrich Mühe, grand acteur d'ex-Allemagne de l'Est , qui devint particulièrement populaire après la réunification, joue dans ce film l'un des rôles clefs, celui de Jacon Gontard, époux de Suzette.

Quelques citations de Hölderlin

Bibliographie

[L'IHB, qui comporte un nombre énorme d'entrées, est désormais un outil essentiel dans la recherche hölderlinienne].

Etudes françaises ou accessibles en français, peut-être en anglais

Notes et références

  1. Sainte-Beuve traduira la Gœthezeit par le «siècle de Gœthe».
  2. cf. l'essai de Heinz Schlaffer, La brève histoire de la littérature allemande 2002, tr. fr. 2004.
  3. Jacques Rivelaygue, Leçons de métaphysique allemande ; texte philosophique de Hölderlin : " Etre et Jugement (Seyn und Urtheil) ".
  4. Cette formulation critique de Jean Laplanche concernant l'Œdipe freudo-lacanien de la «Vulgate» psychanalytique est particulièrement postérieure à la période «para-lacanienne» de l'ancien «élève de Lacan», qui soutint (en 1959) sa thèse de médecine sur Hölderlin.
  5. Cf. Christoph Jamme. Introduction à la philosophie du mythe 2. Epoque moderne et contemporaine. Tr. Alain Pernet. Paris : Vrin, 1995, p. 64.
  6. Cf. Jean Laplanche Hölderlin et la Question du Père (1961).
  7. Notice Biographique, chapitre Années d'études, page XXIII-XXIV des Œuvres d'Hölderlin dans l'édition de la Pléiade, 1967
  8. page 15 des Œuvres d'Hölderlin dans l'édition de la Pléiade, 1967
  9. A l'appui de ce qui justifierait cet enthousiasme beaucoup influencé, comme on peut le penser, par le courant Sturm und Drang où arrive la pièce de Schiller Les Brigands, Hölderlin aurait fondé en 1788, une Ligue des poètes, avec deux de ses amis, Magenau et Neuffer. Et avec Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) et Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling il aurait rédigé un texte intitulé Du communisme des esprits, important du point-de-vue historique dans la mesure où il s'agit d'une des toutes premières occurrences du terme de communisme.
  10. Friedrich Hölderlin enseigna comme précepteur aux enfants du consul de la république de Hambourg Daniel Christophe Meyer au Château de Fongravey (construit par Victor Louis), sur la commune de Blanquefort localisée au Nord de Bordeaux.
  11. Selon la thèse du germaniste français Pierre Bertaux, Hölderlin aurait appris la mort de Susette Gontard tandis qu'il était toujours à Bordeaux.
  12. Source : la chronologie établie par Michæl Knaupp
  13. Cf. Friedrich Nietzsche, IIIe Considération inactuelle («Schopenhauer éducateur»), éd. Gallimard, «Folio essais», 1990, pp. 30-34.
  14. cf. Roger Ayrault, introduction à La genèse du romantisme allemand, 1961
  15. théorie de la séduction généralisée, 1987
  16. J. Laplanche critique désormais cet inconscient lacanien en le qualifiant de "pseudo-inconscient". Il avait commencé de critiquer le Signifiant lacanien un an après la soutenance de sa thèse sur Hölderlin, en 1960, au colloque de Bonneval


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